L’AS Tefana et la Fédération Polynésienne des Sports Adaptés et Handisport ont organisé, le 14 avril dernier, une sensibilisation au cécifoot avec un professionnel de la discipline, le joueur international français Hakim Arezki.
Sur le petit terrain de l’AS Tefana, une dizaine de personnes aveugles et malvoyantes issues des associations Mata Hotu, Huma Mero et ‘Ai Mata, ainsi que quelques sportifs de l’association Turu-Ma, ont eu droit à une démonstration de maître.
Passement de jambe, roulette, feinte de frappe… Si les voyants n’en croyaient pas leurs yeux, les non-voyants n’en croyaient pas leurs oreilles. Aveugle, avec un bandeau sur les yeux, Hakim se meut sur le terrain comme un joueur de foot qui a le parfait usage de ses yeux. Alors que dans les faits, c’est le tintement des grelots placés à l’intérieur du ballon qui lui sert de guide.
Après cette démonstration, chacun est invité à essayer. Pour Noëlla, elle aussi non-voyante, c’était “quand même un peu difficile pour un départ. Au niveau des repères et par rapport au son de la voix, il faut vraiment tendre les oreilles. Je me suis perdue un petit peu dans le jeu, mais ça s’est bien passé. Hakim explique très bien et il est impressionnant. Ce non-voyant qui vient de France est quand même fort. Je trouve qu’il est plus avancé par rapport à nous.”
Un sport qui mène à l’autonomie
Hakim Arezki a 39 ans et évolue en équipe de France de cécifoot. Cet athlète de haut niveau a été plusieurs fois champion et vice-champion d’Europe. Également vice-champion paralympique à Londres en 2012, il a participé à deux Coupes du Monde.
Il a découvert le cécifoot dans un institut spécialisé où il a fait son entrée après avoir perdu la vue à 18 ans, et il n’a plus jamais arrêté depuis. “C’est un sport, c’est une discipline paralympique, c’est une discipline internationale. C’est quelque chose qui nous permet de nous exprimer malgré le handicap, indique-t-il à ses stagiaires polynésiens. Un jour, quand vous allez entrer sur le terrain, vous allez tout simplement être un sportif, juste un sportif. Vous n’allez pas être déficient visuel, vous n’allez pas être accompagnateur, vous allez être sportif à part entière.”
“Les conseils que je leur ai donnés, ce sont plutôt des conseils sportifs et humains, confie-t-il. Le côté sportif, c’est vraiment d’utiliser leurs capacités. Ce n’est pas parce qu’ils ne voient pas qu’ils n’ont pas autre chose. Il y a tout le reste. Il n’y a pas la vue, mais il y a l’écoute, il y a les sensations, il y a le toucher, il y a le partage avec les autres. La communication, c’est très important dans mon sport et dans la vie d’une manière générale. Et puis humainement, il faut qu’ils se fassent confiance. Je pense que ce sport va les aider à se faire confiance, à faire confiance davantage aux autres et surtout à être un peu plus autonomes. Parce que ce sport m’a rendu autonome.”
Développer la pratique en Polynésie
La venue d’Hakim Arezki n’est pas anodine. Rendue possible grâce à l’AS Tefana, cette première rencontre avec le champion français en annonce d’autres.
“Tout ça c’est sous-jacent à développer le cécifoot, à créer une petite section qui sera là hebdomadairement, explique Alain Barrère, le directeur de la Fédération Polynésienne des Sports Adaptés et Handisport. Ils vont le dispenser ici, à l’AS Tefana, pour des petits groupes qui seront intéressés de pratiquer du cécifoot. Et d’ores et déjà, l’obligation pour la Fédération Polynésienne de Sports adaptés et Handisport d’inclure un match de cécifoot dans le prochain tournoi de Festifoot. Ce sera en septembre-octobre et on aura l’obligation de créer une équipe de cécifoot afin de mettre en valeur la démarche qui a été initiée aujourd’hui.”
“On s’intéresse aussi aux personnes handicapées, confie Pascal Vahirua, de l’AS Tefana. Et on ne va pas les laisser tomber. Ce n’est pas parce qu’elles ont un handicap qu’on va les laisser tomber. Au contraire, on va les accompagner, leur donner le sourire et leur donner aussi le plaisir de jouer.”
Les règles du jeu
Le cécifoot se joue sur un terrain de 40 mètres de longueur sur 20 mètres de largeur, comme un terrain de handball. Les cages font 3,60 mètres de largeur sur 2,20 mètres de hauteur. Généralement, dans les terrains officiels, des barrières de 1,20 mètre de hauteur sont placées sur les côtés.
“On joue avec un ballon qui fait du bruit, explique Hakim Arezki. Tout le monde porte un bandeau pour mettre à égalité ceux qui ne voient pas et ceux qui voient un peu. On joue 5 contre 5, donc on a quatre joueurs de champ, 4 joueurs non-voyant et un gardien qui est voyant. Le gardien est valide.”
Il y a deux arbitres sur le terrain, un de chaque côté. Il y a les coachs à l’extérieur au milieu du terrain. On a aussi un élément principal dans le cécifoot, c’est le guide. Le guide va se placer derrière les cages adverses.
“Le gardien va parler à la zone défensive, les 13 mètres de la zone défensive. Le coach va parler dans la zone médiane, on va dire dans les 14 mètres de la médiane. Et le guide qui va se trouver derrière les cages adverses va parler aux attaquants, à la partie offensive, poursuit Hakim. Donc on a tout le temps un voyant qui va nous donner des informations qui sont très importantes. Il faut que ce soient des informations concises, ce ne sont pas des phrases entières, c’est vraiment des codes qu’on travaille à l’entraînement.
La règle principale, dans le cécifoot, c’est la règle du signalement. Si j’ai le ballon, et que l’un d’entre vous vient me prendre le ballon, il faut qu’il se signale parce que je ne le vois pas et je ne l’entend pas. Ça empêche les collisions, ça empêche les chocs parce que ça va quand même très vite, et ça permet que le jeu soit fluide.
À part cela, ça reste du foot, donc c’est les mêmes règles qu’au foot valide.”
Les médias en parlent
– Radio 1 : Initiation au cécifoot avec un joueur international, Hakim Arezki
– Tahiti Nui Télévision : Cécifoot : opération d’inclusion par le football