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"Centre Papa Nui : le théâtre comme outil éducatif"
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Posté par Teniu03

9 août 2022

Une vingtaine de jeunes du centre Papa Nui ont bénéficié d’une année de cours de théâtre avec Nicolas Arnould. Cette aventure artistique s’est terminée le 27 juin dernier par une représentation du spectacle Vaiana, la légende du bout du monde, dans la salle Muriavai de la Maison de la Culture. Si le public a été conquis, les comédiens en herbe, eux, ont pu développer de nouvelles capacités.

Par le passé, les jeunes de Papa Nui avaient déjà eu l’opportunité de monter des pièces de théâtre au centre. Comme Pierre et le Loup de Prokofiev ou encore La Légende de Papa Nui. L’équipe éducative voulait reconduire l’expérience, mais avec un professionnel, pour donner une autre dimension à l’apprentissage.

Chaque mercredi matin de l’année scolaire écoulée, ils avaient 1h30 de cours. Et pour qu’un maximum de jeunes puissent bénéficier de cette opération financée grâce aux dons du Tota Tour, le centre a appliqué une formule bien particulière.

“Nous avons souhaité proposer cette expérience théâtrale, sociale et artistique à un groupe élargi d’environ une vingtaine de jeunes âgés de 15 à 25 ans, explique Stéphane Marandin, le directeur du centre Papa Nui. Concrètement, un groupe de 6 usagers a participé tout au long de l’année scolaire à une séance hebdomadaire encadrée par un intervenant extérieur, accompagné d’un éducateur spécialisé. Deux usagers complémentaires étaient invités par le groupe à participer à chaque séance.”

L’idée était de leur permettre d’expérimenter le plaisir d’inviter et d’être invité par le groupe, de vivre une nouvelle expérience, de faire un pas de plus vers l’autodétermination et la verbalisation de sa motivation à poursuivre ou pas l’activité, de renforcer leur sentiment d’appartenance, et pourquoi pas de “dénicher” de nouveaux talents.

Une première pour leur professeur

Pour Nicolas Arnould, qui baigne dans le théâtre depuis bientôt 30 ans et l’enseigne depuis 10 ans, c’était une première de “prendre en charge toute une année des personnes handicapées”, confie-t-il. “Au début, j’ai eu beaucoup de craintes et d’appréhensions, surtout parce que je ne savais pas où j’allais avec eux, mais ça a été super sympa ! J’ai commencé avec un cours standard et j’ai adapté ma pédagogie au fur et à mesure par rapport à leurs capacités.”

S’il y a bien eu quelques “flops” au début, avoue leur professeur avec le sourire, celui-ci a très vite compris comment les faire progresser. Chaque séance, il y a d’abord de la technique, précise-t-il. Rapidement, je me suis rendu compte que ce qui était intéressant, c’était de refaire les mêmes exercices et de voir au fur et à mesure le progrès s’installer. Un exemple : un exercice que je fais systématiquement avec tous mes élèves parce qu’il est facile, rapide et il met bien dans la dynamique et la concentration, c’est la balle imaginaire. On se passe une balle qui est invisible et le plus vite possible en claquant des mains et en regardant la personne. Donc c’est du reflexe et de la concentration. Au début, c’était galère, et à la fin, les plus aguerris rentraient vraiment dans la compète. Il y avait vraiment une compétition et même pour moi ça commençait à devenir compliqué de les suivre, tellement ça devenait rapide.”

S’investir pour dépasser les difficultés

Dans le noyau qui suivait son cours chaque semaine, Nicolas en a repéré deux qui se mettaient plus facilement dans la peau de leurs personnages. “Et c’est un atout en tant que comédien.”

Mais pour ces jeunes qui présentent un handicap mental, “pour arriver à la même chose qu’une autre personne, ils doivent bosser plus, indique Nicolas avec bienveillance. C’est comme ça, ils n’ont pas le choix, mais ils le font. Ils se sont tous mis à fond. Donc leur force elle est là. C’est beaucoup de courage de leur part, étant donné les difficultés qu’ils ont.”

Pour le spectacle de fin d’année, leur professeur a préféré partir sur une histoire qu’ils connaissent bien : Vaiana, la légende du bout du monde. Et il est plutôt content du résultat.

“C’était à la hauteur de ce à quoi je pouvais m’attendre. Ils ont été à fond comme d’habitude, sourit-il. De toute façon, ça a été un petit peu le mot d’ordre, parce que le trac est monté, donc il a fallu rassurer. Et c’est toujours ce que je dis à mes comédiens, quels qu’ils soient : comme en répète. Ce n’est pas parce que c’est sur scène. C’est pareil, comme en répétition. Du coup il n’y a pas eu de couac, de problème. Ils étaient tous à fond.”

Le projet sera reconduit

Ce que le professeur relève, c’est l’impact que le spectacle a eu sur le public, composé des familles et amis des jeunes, mais aussi de sympathisants du centre Papa Nui. “Ils ne sont pas venus uniquement voir un spectacle, ils sont venus voir leurs enfants. Les gamins que j’ai le reste du temps, il n’y a pas le même impact quand on les voit accomplir quelque chose. Donc ça devait être particulier, ça devait jouer, toucher sur le ressenti du public. Et c’est le plus important.”

Avec cette expérience, les jeunes de Papa Nui ont pu apprendre à affronter le regard des autres, à s’exprimer, à rester concentrés. Ils ont aussi pu développer leur confiance en soi.

Stéphane Marandin, le directeur du centre, est “pleinement satisfait du chemin artistique parcouru et de ce que ce projet a pu apporter aux usagers ainsi qu’aux nombreux spectateurs présents. Une émotion partagée avec simplicité, drôlerie et authenticité”.

Le projet sera assurément reconduit cette année. Le professeur de théâtre a déjà des idées pour emmener ces jeunes un peu plus loin. “J’ai hâte de voir la suite !”, conclut-il. Et nous aussi.

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