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"38 personnes formées à l’ergonomie appliquée au handicap et aux différents types de handicap"
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Posté par Teniu03

17 octobre 2022

La Fédération Te Niu o te Huma a organisé, du 3 au 14 octobre, deux formations dispensées par Laëtitia Quesnel, ergonome et psychologue du travail chez CECIAA, une entreprise engagée dans l’intégration des déficients visuels. La première formation, sur une semaine, portait sur l’ergonomie appliquée au handicap. Elle a été suivie par 14 salariés de structures du handicap. La deuxième, sur deux jours et demi, était un condensé de la première. Axée sur les différents types de handicap, elle a profité à 24 autres salariés. La formatrice nous en parle plus en détail dans cette interview.

Qu’est-ce que l’ergonomie appliquée au handicap ?

“L’ergonomie, c’est l’adaptation du travail à l’homme. Dans l’ergonomie classique, on va utiliser des normes pour adapter. On va mettre le fauteuil à la bonne hauteur, la table à la bonne hauteur, les choses à attraper à la bonne distance. Il y a des normes qu’on adapte un peu en fonction des personnes, si elles sont petites ou grandes, etc.

Dans l’ergonomie appliquée au handicap, on n’utilise pas de normes. On ne peut pas utiliser de normes puisque tout va dépendre de la situation fonctionnelle de la personne, de ce que la personne voit, ou peut attraper, ou de ce qu’elle entend. On va se baser vraiment uniquement sur la personne, donc c’est très individuel comme ergonomie, selon moi. Et c’est important de pouvoir bien connaître les différents handicaps et les différentes atteintes fonctionnelles pour pouvoir se baser sur ces difficultés. On part des situations de handicap de la tâche et de la vision fonctionnelle ou de l’atteinte auditive fonctionnelle ou de l’atteinte motrice fonctionnelle de la personne, et on voit comment les deux s’articulent et s’il y a des situations plus handicapantes et sur lesquelles on peut travailler pour adapter.”

Comment as-tu travaillé ça avec les participants de la formation ?

“On a travaillé sur l’analyse des situations de handicap : c’est quoi une situation de handicap ? Pourquoi on parle d’une personne en situation de handicap et pas d’une personne handicapée ou d’un handicapé ? On parle maintenant de situation de handicap parce qu’il y a des situations dans lesquelles la personne aveugle, sourde ou autre, va être en situation de handicap et pas à d’autres. Donc là, pour moi c’était très important que chacun puisse chercher par lui-même dans des situations parfois inconnues. C’est pour ça que je prends le métro parisien ou je donne des noms de métiers pour que chacun puisse réfléchir comme font les ergonomes. Réfléchir à chaque situation individuelle pour déterminer quelles sont les difficultés dans chacune des situations ou des métiers. On détaille vraiment les tâches, une par une, pour voir si c’est difficile ou pas pour la personne qu’on accompagne.”

Dans cette formation, il y a eu de la théorie, mais aussi de la pratique. Qu’avez-vous fait côté pratique ?

“Pour déterminer toutes ces situations de handicap, c’est important de connaître chaque type de handicap, au moins de façon globale. Donc c’était déjà très important d’avoir cet aspect théorique, au moins un minimum pour que les personnes après puissent aller chercher de leur côté, en fonction des situations qu’elles rencontrent ou des personnes qu’elles accompagnent. Par ailleurs, c’était important la mise en pratique parce que c’est un peu plus ludique et que ça permet de se rendre compte, même si c’est très caricatural et que ce n’est pas la vraie situation que rencontre chacun, parce qu’on ne peut pas simuler les situations que rencontrent réellement les personnes. Le fait de tester les casques auditifs qui vont limiter l’audition fonctionnelle, de tester une perte de champ de vision quand on est en train de regarder un plan de métro ou différents exercices qu’on peut faire, ça permet aussi d’essayer de se mettre à la place d’une personne qui a ce type de handicap et de prêter davantage attention aux situations qu’on rencontre et aux stratégies de compensation que les personnes utilisent. D’ailleurs à plusieurs reprises, dans des exercices où on voit que les personnes se rapprochent pour lire, plusieurs personnes m’ont dit : Ah ! ça me fait penser à un de mes bénéficiaires, je vois qu’il se rapproche toujours et il met toujours un peu la tête de côté. Peut-être qu’il a ce type de handicap visuel.

Ça c’est le principal, c’est d’arriver à repérer des choses qui ne sont pas toujours dites, se poser des questions et de voir si on peut améliorer, aménager. Donc là, ceux qui ont eu cette réflexion vont pouvoir commencer à se poser des questions sur peut-être qu’il faudrait changer les emplacements, ou agrandir, ou autre. Après c’est la réflexion de chacun et les idées de chacun dans les situations.”

Quel était le profil et les attentes des participants ?

“Il y avait des profils très différents de gens qui vont travailler avec des adultes, d’autres qui travaillent avec des enfants, qui ont des types de handicap très différents, allant du handicap mental ou psychique au polyhandicap avec des atteintes beaucoup plus sévères en termes d’autonomie. Évidemment, les attentes ne vont pas être les mêmes et les aménagements ne vont pas être les mêmes. Je travaille dans le domaine de l’insertion et du maintien dans l’emploi d’adultes en milieu ordinaire. Je l’ai précisé d’ailleurs à chacun que je ne connais pas le public des enfants en IIME, par contre ça n’empêche pas que la démarche d’analyse des situations de handicap, elle est la même. C’est juste qu’on ne va pas dans un IIME demander la même efficacité que quelqu’un qui est en emploi et qui doit produire. Mais la démarche est la même, et les techniques sont les mêmes. La situation fonctionnelle est la même.”

Quel est ton sentiment au terme de ces formations ?

“Ça me donne envie de m’installer en Polynésie ! (rires) J’ai apprécié, et j’ai apprécié surtout les retours. On a rarement des retours pendant la formation parce qu’il y a tellement d’infos. Il faut digérer tout ça, il faut y repenser et on ne rencontre pas toujours une situation au moment de la formation. J’ai quand même eu certains retours, juste après, qui rapportent au concret. On a un groupe Facebook dans lequel il y a des partages de situations, des escaliers pas accessibles, de rampes pas accessibles. C’est souvent des jeux qu’on se fait entre ergonomes mais là je trouve ça vraiment bien que ça ait pu ouvrir les yeux sur plein de situations handicapantes au quotidien et essayer de se dire que ce n’est pas adapté et comment adapter au mieux. C’est bien quand on a des retours concrets. Ça peut prendre du temps pour qu’ils se retrouvent dans les situations et là j’espère qu’ils se rappelleront de tout ce qu’on a dit et qu’ils sauront faire le tri dans tout ça et appliquer ce qu’il faut au moment voulu.”

Concernant la formation plus courte, c’est un condensé de la première ou une tout autre formation ?

“C’est un condensé de la première. C’est le même programme sur la découverte des situations de handicap. On reparle des métiers et du métro. Il y a exactement la même théorie. J’ai juste fait plus court parce que je ne présente pas des études de cas d’aménagement de poste pour tous les handicaps comme j’avais fait avec les stagiaires de la première semaine. On avait plus pris des situations réelles où je leur posais des questions sur ce à quoi il fallait faire attention, à quoi il fallait être attentif, qu’est-ce qu’on pouvait poser comme questions à la personne, au manager, dans la situation au travail.”

Les stagiaires de la formation longue ont aujourd’hui tous les outils pour adapter les postes de travail de personnes en situation de handicap ?

“J’espère. En tout cas ils ont toutes les bases que je n’ai pas eu moi-même quand j’ai fait mes études. J’aurais bien voulu avoir une formation comme ça sur le handicap. On n’en parlait pas beaucoup. Et là j’ai essayé de tout leur condenser, leur donner plein d’infos, ils vont avoir plein d’infos avec les diapos pour les relire à tête reposée quand ils en auront besoin. Le plus important c’est la démarche et après ça se construit aussi avec l’expérience.”

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