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"Mini-Jeux du Pacifique 2022 : une médaille d’argent pour Christian Chee Ayee, athlète handisport"
De gauche à droite, Christian Chee Ayee, médaille d'argent, Marcelin Walico, médaille d'or, et Morea Mararos, médaille de bronze.
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Posté par Teniu03

1 juillet 2022

Christian Chee Ayee est le seul athlète handisport à avoir représenté la Polynésie, du 17 au 25 juin, aux Mini-Jeux du Pacifique de Saipan, aux îles Mariannes du Nord. Il est rentré au fenua avec une médaille d’argent en lancer du poids assis. Interview.

  

Tu rentres des Mini-Jeux du Pacifique avec une médaille d’argent en lancer du poids assis. Qu’est-ce que ça fait ?
“Depuis 2011, je suis toujours resté à la 3e place et là, passer en 2e, ça donne du baume au cœur. Parce que ça veut dire que tout le travail qu’on a effectué depuis des années, ça paie.”

Comment s’est passée ta préparation sur place ?
“La préparation s’est bien passée. La première chose qu’on a faite avec Jérémie (Le Fort, cadre technique à la Fédération Polynésienne des Sports Adaptés et Handisport, NDLR), c’est d’aller voir le plan de lancer. Parce que sur tous les Jeux qu’on a faits, comme ceux de Samoa, on avait signalé qu’il y avait un problème sur les attaches. Ils n’avaient pas pris en compte le signalement et au final, ça nous a quand même joué beaucoup de tours. Au moment où j’ai lancé aux Samoa, les attaches se sont toutes décrochées parce que rien n’a été fait. Donc on voulait mettre un point d’honneur dessus. On a rencontré la personne qui s’occupait du plan de lancer à Saipan. Lui ne savait pas comment mettre ça en place. On est revenu le lendemain pour lui montrer comment il fallait mettre les attaches et ça s’est très bien passé. Il a mis trois jours pour faire les accroches et il a fait du super travail. Sur ces Mini-Jeux, il n’y a rien à dire, les gens là-bas sont bienveillants et quand tu demandes quelque chose, ils le font de suite.
Pour nous en tant qu’athlète en fauteuil, c’est une question aussi de sécurité parce que lancer un poids, ça demande beaucoup de force. Et on a tendance à mettre toute cette force sur le corps et à vouloir aller vers l’avant. Et si on n’est pas bien attaché, on tombe avec tout le matériel et c’est quand même 40 kilos que tu as sur le dos.”

Christian Chee Ayee se prépare à lancer un poids.

À 42 ans, tu étais l’athlète le plus âgé. Les autres compétiteurs de ta catégorie avaient tous la vingtaine… 
“C’est bien d’en parler. C’est vrai que j’étais le plus âgé et il y a justement une officielle qui est venue me voir et qui m’a félicité. Elle m’a dit :‘Tu es peut-être le plus vieux de tous ces jeunes, mais tu t’es quand même bien battu. Tu n’as pas lâché l’affaire.’ Comme quoi, il n’y a pas d’âge pour rester dans le top 10.” 

Pourquoi étais-tu le seul athlète handisport à représenter la Polynésie ?
“Je pense que j’étais le seul athlète disponible pour ces Mini-Jeux et j’aimerais bien encourager d’autres personnes à prendre la relève. Parce qu’on se fait vieux et voir quelqu’un qui pourrait prendre la relève ce serait top. Si des personnes sont intéressées, elles peuvent contacter directement la Fédération Polynésienne des Sports Adaptés et Handisport.” 

Qu’en est-il de l’accessibilité à Saipan ? Tu n’as pas eu trop de soucis en étant en fauteuil ?
“À Saipan, l’accessibilité, il n’y a rien à dire. Les gens sont déjà sensibilisés et responsables. Je n’ai vu personne sur un parking PMR. Les toilettes aussi, tout était nickel. Ce qui m’a impressionné, c’est que dans n’importe quel magasin où on allait, ils avaient des toilettes accessibles.”

Quel bilan personnel fais-tu de ces Mini-Jeux du Pacifique ?
“Tu en ressors toujours grandi, parce que tu vois beaucoup de choses. Tu constates plein de choses que tu aimerais mettre en place ici, comme la sensibilisation des gens à l’accessibilité. Parce que je suis revenu, je suis allé chez Carrefour et j’ai l’impression qu’il y a du laisser-aller. La moitié des parkings PMR était déjà prise par des voitures qui n’avaient pas de carte PMR et il n’y avait personne pour surveiller tout ça. Je trouve ça dommage. On était bien parti pour l’accessibilité. Peut-être que c’est à nous de sensibiliser davantage ces gens-là, mais il y a du laisser-aller.” 

Et au niveau sportif, que retiens-tu ?
“J’ai aimé quand j’ai vu toutes les délégations, badminton, haltérophilie, la moitié du COPF, venir me voir. Ils ont dit qu’ils allaient venir me voir et ils sont tous venus. Ça m’a encouragé et c’était la première fois que j’ai vu autant de monde venir encourager le handisport. Les autres années, je pense aussi que c’est parce que pendant les Mini-Jeux, on est souvent séparés, alors que là on était tous dans le même hôtel, donc c’était plus facile. On avait plus de temps aussi pour discuter avec les autres délégations, c’était agréable. C’est ça que je retiens le plus dans tout ça.” 

Un mot de la fin ?
“Le seul mot que je peux dire, c’est d’encourager les gens à rester soi-même. Si tu veux réussir à avancer dans la vie, il faut se donner les moyens. Il ne faut pas juste attendre. Il faut être acteur de ce que tu veux devenir.”

Le podium en lancer du poids assis

Christian pose au côté des autres compétiteurs de sa discipline.

Ils étaient quatre compétiteurs en lancer du poids assis, aux Mini-Jeux du Pacifique 2022. Le 23 juin dernier, Christian était en compétition avec un athlète de Nouvelle-Calédonie et deux de Papouasie Nouvelle-Guinée. Voici les résultats officiels :

1er : Marcelin Walico (F57), 28 ans, de Nouvelle-Calédonie, avec un meilleur lancé à 10,41 mètres

2e : Christian Chee Ayee (F56), 42 ans, de Polynésie, avec un meilleur lancé à 7,77 mètres

3e : Morea Mararos (T/F34), 20 ans, de Papouasie Nouvelle-Guinée, avec un meilleur lancé à 6,74 mètres

4e : Jerome Bunge (F57), 23 ans, de Papouasie Nouvelle-Guinée, avec un meilleur lancé à 8,08 mètres

Parole à Jérémie Le Fort, cadre technique à la Fédération Polynésienne des Sports Adaptés et Handisport

Jérémie Le Fort et Christian Chee Ayee posent à l'entrée du site qui a accueilli leurs épreuves.

“Félicitations à Christian qui monte sur la 2e marche du podium. Bravo également aux autres athlètes, Marcelin Walico du Caillou, habitué des podiums, ainsi que les deux athlètes de Papouasie Nouvelle-Guinée.

Un grand mauruuru au CNMI pour leur gentillesse et leur accueil. Merci au Pays, au COPF et ATN, ainsi qu’à l’ensemble des délégations présentes qui ont tous contribué à la réussite de ce déplacement, préparatoire à Salomon 2023, mais surtout aux Jeux « Tahiti 2027 ». Il y a encore beaucoup à faire pour faire briller davantage le handisport polynésien, notamment au travers de partenariats avec nos homologues sportifs. Notre présidente Henriette Kamia et le bureau de la FPSAH nous soutiennent pour atteindre nos objectifs, et nous les en remercions.”

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